COURT TRAITE DE
ROMANTISME CYNIQUE
en prose à géométrie variable
Court traité de romantisme cynique,
en prose à géométrie variable
Les textes qui suivent sont issus de plusieurs déambulations mentales et forment un recueil que l’on
pourrait qualifier de philosophie absurde. Étant moi-même incertain à l’écriture de ces lignes, je
vous prie de les lire avec tout autant d’incertitude.
1ère Partie
//Humain
Nous sommes arrivées à la chute,
celle de notre humanité
puisque nous avons choisi
de saccager toutes les vertus
que notre monde pouvait porter
si notre avenir pouvait parler
je sais bien qu’il nous dirait
que tout a déjà été joué
à commencer par nous
et pourtant,
si notre avenir peut exister
je suis sur qu’il nous montrerait
que nous avions tout en main
pour faire de ce monde un idylle
dans lequel on puisse construire
une humanité libre,
et consciente ?
Un Éden où chacun peut
imaginer comme il le veut
le but et la beauté du monde
sans empiéter le rêve de l’autre
ni démolir l’idée commune
que notre monde est notre limite
de celles dont on ne revient pas
l’utopie ?
Et aujourd’hui je passe mes nuits
à voir le monde dans son avenir
à comprendre que nous sommes libre
tant que s’élèvera les consciences
l’humanité aura une chance
la seule et unique pour notre espèce
le choix ?
j’ai besoin de faire entendre une voix
dissonante
nous ne sommes plus grand-chose et nous risquons de
disparaître
nous avions pourtant accomplis tant de choses en étant
disparates
comment imaginer l’avenir alors que nous vivons
dissociés
il nous faut donc aujourd’hui
réapprendre
que notre monde peut être
reconstruit
que l’humanité peut embrasser sa
rédemption
à l’instant où elle sera
réunis
et pour
que tous puissent prendre conscience
que nous ne sommes rien de plus
que ce que nous voulons être
que l’avenir n’est pas finie
il ne nous reste plus qu’à l’écrire
d’une voix commune et unanime
que la décision de chacun
porte en elle le choix de tous
et pour cela il nous faut prendre
le temps
de réfléchir communément et posément
de prendre conscience de nous et de l’autre
de notre monde qui nous héberge
et de ce que nous voulons être
prendre le temps du questionnement
pour chacune de nos identités
de savoir qu’elles peuvent transcender
l’idée commune de notre partage
//Manutention
Concerto de machines en déphasé, un trio de datacard en polyrythmie de 120 à 180 cpm (cartes par
minute), avec intervention soliste de la climatisation. L’œuvre s’intitule « identity of Malawi » et
se déroule sans discontinuer pendant 3x8h, chaque jour.
//PR_EM
Le VRP des grands de ce monde, il a pas tort le gars, quitte à foncer la tête dans le mur, autant y
aller avec panache.
2017_11_7
//Aime
J’aurais aimé bâtir une vie d’incertitude à tes côtés.
Que chaque jour soit une renaissance
qui nous permettent d’affronter le monde
dans ton regard curieux, innocent.
De tout faire et de tout choisir,
De tout voir et de prendre le temps.
Nous aurions pu nous faire la promesse
de ne jamais nous ennuyer
et de changer constamment
pour qu’aucune règles ne nous contraigne, indépendant.
Nous aurions fait le choix de nous être honnête
en tout instant et en tout lieu
et le partage serait notre fondement
pour que nos vies grandissent ensembles, confrontées et brutales.
Mon chaos, ton berceau, ou serait-ce l’inverse ?
Peut-être simplement se salir de la teinte de l’autre.
Le mandala d’une vie redessinée chaque jour.
Mais rien de tout cela
jamais ne saura
égaler à quelle point
imaginer restera toujours
au-delà de toute
réalité.
Tu ne seras qu’un songe s’estompant au réveil,
esprit ankylosé d’une vie de sommeil.
Il ne restera rien de cette effervescence,
des paroles perdues adressées à l’absence.
J’ai imaginé une vie d’incertitude à tes côtés.
//Règle de trois
Abandonnez,
Tombez,
Recommencez !
//Game of myths
Cassandre knows.
2017_11_8
// La mort frappera trois fois
Graviers,
Graviers,
Graviers,
Le crissement immonde
d’une monde qui s’effondre.
Ravins.
//Fleur bleue contondante
« T’imagines si on préférait s’offrir des gadins plutôt que des fleurs ? Les jetées de pétales sur
les mariés ressembleraient plus à des lapidations. »
//Néron 2.0
Observons maintenant le cavalier ardent fondre en sourire et en poignée de main énergique pendant
que les flammes embrasent chacun de ses pas à travers le monde. Il nous réduira en cendres car plus
rien d’autre n’a de saveurs, lui qui, rappelons-le, a tout. Le dictat du monde libre est son arme de
prédilection. Grâce à cela tous ploieront le genou avant de s’installer confortablement au fond de
son fauteuil pour assister en exclusivité et en direct à l’incandescence du monde. Merci d’éteindre
en sortant.
//Fin
Le monde s’efface sous mes pas. Il disparaît à mesure que je l’arpente, découvrant ses miasmes et
ses replis. Le monde infini de l’inconnu laisse place à la vérité pur et sordide de sa finalité. Le
rideau se rapproche, sans cesse grandissant, englobant tous et masquant le reste. Rien ne perdure et
rien ne perdurera jamais.
Alors à quoi bon continuer à l’arpenter lorsque la fin du chemin s’annonce bien avant sa découverte.
Lugubre, la finalité l’est et aucuns répits ne pourront l’empêcher.
Et pourtant, pourquoi cette simplicité évidente de la fin a fait couler tellement de mots et de sens
quand les Hommes ont tenté de s’en approcher ? Pourquoi s’en effrayer alors que nous connaissons
cette réponse depuis toujours. Si la réponse existe on ne peut en dire autant de la question. Des
questions justement, qui nous pousse systématiquement à reprendre, recommencer, réinterroger jusqu’à
ce que la réponse nous en prive. C’est par négatif que nous construisons nos vies. Si la fin est la
limite, alors il existe un pendant. Un temps et un espace au sein duquel le champ des possibles peut
émerger et croître. Alimenté par nos pulsions et nos concepts, cet espace propre à chacun permet de
lutter tant qu’il nous reste des forces face à cette inéluctable conclusion.
Puisque l’Éther n’existe pas, rien jamais ne perdurera éternellement. Nos vies n’ont que leur espace
et leur temps pour s’éveiller. Voir le monde et en faire ce que l’on veut avant de s’éteindre. Ceci
n’est pas notre but, c’est notre mécanisme, notre fonctionnement ou notre mode d’emploi. Le but,
c’est notre concept, une invention à nous pourrait-on dire. Dans un concept idéal, il ne serait pas
envisageable de définir un but à une autre vie que la nôtre. Le sens de la vie bien ordonné commence
par soi-même.
//Solitude et abondance
Je me suffis.
//Le mal t’effleure
Viens par ici
que je t’embrasse
à grand coup de
chevrotine.
//Evolution ?
Comment on en est arrivé là ? On a d’abord nagé, puis rampé, puis grimpé, puis marché, puis couru
pour finalement s’asseoir et faire en sorte que ce soit le monde qui aille plus vite.
2017_11_9
//Verglas
L’hiver aride enlise et libère son voile recouvre et plonge ton regard perdue dans l’écorché
abstrait d’un paysage nu. Tu l’imagines reprendre vie car tu savoures cette suspension du temps.
Cette respiration d’où s’échappe la vie qui sûrement après tes songes, viendront animer cette
matière pour l’instant inerte.
//Haine
Je te déteste de cette haine irrationnelle et profonde qui me tiraille et me ronge. Et rien ne
pourra plus émerger de mon esprit tant que tu hanteras chacun de ses recoins. Finalement c’est une
part de moi-même que je hais, puisque toi tu es déjà partie, ne laissant que ton absence occuper mon
esprit.
//Créer
Joaillier fou à lier
à la gemme rougeoyante
du joyaux de ton esprit
serti des sentiments
avec lesquels il confond
l’alliage délicat
du fractal d’une vie complexe
composé de lui-même, en boucle.
//Avis contradictoire
Je n’ai pas à écouter vos propres machinations. Je ne peux ni ne veut le faire. Si je me trompe, je
m’en rendrais compte seul et me relèverait seul. Je n’ai que faire de vos avis, qu’ils soient
divergent, convergent ou même complètement à côté de la plaque. Le seul intérêt à mes yeux est
d’avoir le support pour me déléguer l’esprit. Qu’ils vous permettent de repenser de votre côté tant
mieux. Autrement tant pis. Dans tous les cas je m’en fous. Moi, ça va.
//Deus ex machina
Belle entrée en scène ! Omniscient, il est l’alpha et l’oméga, le créateur. Il a tout pour plaire,
une belle gueule sous les projecteurs, l’audience est même au rendez-vous. Et quand il sera passé,
il suffit de le recréer : un nouveau show, une nouvelle marque ou juste le brushing. Ton nom est
mass media et je te voue un culte sans pareil depuis ton avènement. Amen et à la semaine prochaine.
[APPLAUSE]
//Composition musical
Vingt minutes de bourdon avec un bol chantant.
Gong.
Trente secondes d’une voiture que l’on passe au broyeur.
//Cultiver son indifférence
Alors ça, particulièrement, je m’en cogne.
//Jeu
Je joue des gens, je joue des mots, Je joue de mon monde et je joue de mon esprit. La vie est une
partie, jouons-la.
2017_11_10
//Barrage
J’observe patiemment le court de la rivière emplir lentement l’espace jusqu’à noyer les gorges. Le
volume enfle lorsque subitement les eaux se déversent dans un fracas assourdissant.
//Lenteur
Perdre son temps à regarder pousser les arbres, c’est long.
//Arbitraire
Je vous dis qu’il n’y a pas faute. Des millénaires qu’on l’exploite de la sorte, pourquoi ça nous
arrive à nous aujourd’hui. Elle aurait pu faire un effort tout de même.
//Théorie du chaos
ediu titéa àl
//Superstition et spiritualité
Qu’on soit clair, je n’ai pas de soucis avec la spiritualité des gens. La méditation, peu importe sa
forme, est du ressort de chacun. On entretien son corps par l’exercice physique, on peut entretenir
son esprit par l’exercice mentale et la méditation en est un. J’ai en revanche un souci avec la
religion et de manière générale avec n’importe quel dogme. Je ne peux concevoir qu’une histoire,
aussi pertinente dans ses réflexions qu’elle puisse être, serve de carcan à l’esprit et soit imposé
de force. Lorsque la religion n’est plus qu’une excuse, il est peut-être temps de remettre le dogme
en question.
//Maladroit
Tomber tête la première sur un coin de table.
Se mettre le pic à glace dans l’œil.
Hacher ses doigts.
Se faire un masque à l’huile bouillante.
Allumer sa clope sous une fusée au décollage.
Apprendre la plongée dans un réacteur nucléaire.
//Binaire
Le monde peut-il se résumer à une succession d’information ? Existe-t-il un protocole suffisamment
complexe pour englober toutes les éventualités qui nous composent et interagissent avec nous ? En
soit peut-on résumer le cours d’une vie à une succession de choix ? Et dans ce cas-là, peut-on la
quantifier et calculer en avance n’importe quelle interaction ? La vie est-elle binaire, oui ou non
? Le chat dort.
//··· −−− ···
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2017_11_11
//Monstre
La douleur se réveille. Le crane embrumé par les vapeurs de la veille, un éclair transperce de part
en part mon corps tétanisé. La secousse passe aussi soudainement qu’elle est venu. Premier choc.
J’essaie tant bien que mal à rattraper mes sens, ne pas les laisser effleurer ce sentiment. Je
cherche un verre et en me redressant, elle jaillit, ne me laissant que m’effondrer au sol, paralysé
et effrayé. Le voile noir s’abat et mon esprit se focalise sur cette douleur aveuglante. Une lame
s’enfonce en un point précis mais englobant tout, contraignant le reste de mon corps à assister à
cet instant d’effroi. Le contemplant sans pouvoir réagir. Ma peau transpire la douleur et le moindre
mouvement réveille en sursaut ce monstre qui me torture. Mon souffle vibre et mes mains saccadent.
Mais je subis depuis trop longtemps pour me laisser faire. Lentement je reprends l’ordre et fait
taire le monstre. Lorsque mes sens finissent par s’apaiser, je me relève face au miroir ne voyant
que mon reflet. Je sais que tu es là et que tu ne me laisseras pas de répit. Moi non plus.
2ème Partie
2017_11_21
//Transhumance
Une foule heureuse déambulant en bande le temps d’un instant suspendu entre nous. Le croisement
incongru de nos vies éparses qui s’entremêlent et se confrontent. Nous nous sommes retrouvés, nus
que nous étions, réchauffés par l’existence de l’autre et animés de l’extraordinaire. Nous étions
tous.
//Symphonie
Le silence retombe et l’atmosphère résonne.
La composition aux voix multiples,
a fait vibre nos corps à l’unisson.
Le diapason de notre accord
nous a fait effleurer l’esquisse
d’un échange complice
dans un bourdonnement d’osmose.
Son souffle sonne encore.
//Désaccord
Tu crois sincèrement que ta vie insipide et matérielle va me faire reconsidérer mon point de vue sur
ton monde ? Il me dégoutte, et toi avec. Tu ne portes rien avec toi, hormis ton inertie et tes
certitudes que tu ne peux même plus remettre en question. Je te souhaite bien du bonheur dans ta vie
de servitude.
2017_11_22
//Transit
La correspondance du reste de ton chemin se situe à dix minutes d’attente de l’autre côté. Le
passage, le franchissement ou une vitrine pour délimiter et une voirie qui s’efface au-delà de mon
regard. Je te regarde partir en espérant te revoir dans un autre espace-temps. Patience, le bus
arrive.
//Rencontrer
Observer et découvrir, le volume d’un regard et le fracas de nos histoires qui se rencontrent.
Emporter par l’envie d’échanger nous nous observons sans rien dire, impressionné par l’autre.
Espérer communiquer, nous échangeons déjà sur ce que nous observons l’un de l’autre. Ou peut-être
l’un pour l’autre.
//Histoire
J’existe depuis l’aube de l’humanité, soit à peu près douze mille ans de conscience. Je l’ai vu
grandir et prospérer. Je la vois s’effondrer et s’éteindre. L’apogée de nos jours glorieux s’embrase
en une étincelle de folie. Consumant l’humanité dans un dernier baroud d’honneur avant de rendre les
armes, définitivement.
//Aire d’autoroute
Je te remercie sincèrement pour ce bel instant que nous avons partagé. Les mots pouvaient rester
simples quand tes yeux transportaient tes paroles et que ton sourire me permette de goûter ton
bonheur. J’ai rencontré une douce journée d’hiver.
//Cynique
Dans l’osmose rare de nos corps en équilibre,
nos sens malmenés et perdus qui s’enivrent.
Un point zéro duquel nous observons le monde,
le râle de notre consternation profonde.
Le souffle grandit et surgit soudain :
il n’y a rien d’autre que cet instant que je supporte par ta présence.
Puisque le reste n’est que foutaise et depuis trop longtemps j’exècre.
Car tout ce que je vois se fausse, je dois imaginer le beau
pour le masquer à mes yeux fatigués.
Mais toi, étrange perle d’un monde cynique,
comme le tien aussi semble sordide.
Le taudis d’une vie construite sur elle-même
qui finira par s’effondrer d’elle-même.
Et nous voilà comme deux cons,
au milieu du chaos de nos mondes.
Prêt à sombrer définitivement
dans l’abysse de nos tourments.
En attendant la prochaine scélérate
qui nous renversera ou nous jettera.
Nous finirons face contre terre,
vomir les dernières bribes de nos êtres.
Il était un instant où nos corps en équilibre
se sont associés dans une osmose profonde.
Nos sens malmenés s’apaisaient et, ivres
depuis un point zéro, nous observions le monde.
//
Un automne infini souffle sur Raspail,
l’odeur de la ville est balayé d’un vent sec.
Il emporte les feuilles et la poussière.
//Animaux
Je cherche mon chemin de nuit dans une ville rocailleuse. Les rues plongent ou montent et se
croisent, elles forment un labyrinthe complexe baigné dans une lumière électrique ocre. Je croise un
nombre inégalé d’animaux, au milieu de plusieurs scènes de vies, la ville leur appartient. Au détour
d’une rue alors que je commence à désespérer de retrouver mon chemin je tombe nez à nez avec une
meute de chien. Ils commencent à me prendre en chasse et je détale dans les rues descendante les
plus en pente que je trouve. Tous les animaux tentent de me faire trébucher ou de me ralentir, la
meute toujours sur mes talons. Mais c’est une pierre au sol qui me fait chuter. La rue est tellement
incliné, mon élan tellement important que je plonge suspendu dans les airs sur un temps distendu.
L’impact me réveille en sursaut.
//Décider
Dites à ma mère que ce matin, je me suis levé.
Dites à mon père qu’aujourd’hui, j’ai trouvé ma place.
Dites à mes frères de se rappeler chaque soir de goûter à leur bonheur.
Et dites à ma sœur que partout où mon regard se pose, le monde pourrait être beau.
Quant à moi, je pars vivre.
//Usure
La réalité crasse d’un corps révolu,
usé au sang et à la moelle,
portait le fardeau d’une âme perdue
Schizophrène, il portait la conscience d’un millier d’autre s’emparant de sa voix
échappant par instant des paroles fous.
Affaibli par ce poids, il s’effondrait souvent
tout en s’arrachant le crane
pour faire fuir ces esprits tourmentés.
3ème Partie
//Carrousel
La coupole d’acier supporté par les pilastres en béton se déploie au-dessus des voyageurs. La
structure se tisse en un maillage complexe aux assemblages délicats. Les douze portiques ouvrent un
carrefour à trois branches, trois orientations, trois choix.
//Affairer
L’homme occupé s’installe négligemment sur une des banquettes libres. Il sort sa collection
d’électroniques et les dispose face à lui sur la petite table ronde. Il allume tout et se branche
l’oreille alerte aux notifications. Il est enfin à jour et peux donc téléphoner depuis son bureau
provisoire. On a beau être entre deux vols, les temps est trop précieux pour arrêter le business. Il
ramasse ses affaires, remet sa doudoune jaune fluo de mec vif mais in puis repart sans quitter une
seconde sa conversation à l’oreillette. L’argent c’est du temps.
//Retard
« Dernier appel pour le fils de pute qui ralenti tout le monde. Last call for the mother fuckers
who’s late everyone. »
//Apparence
Le vieux beau est attablé au café. Il gère ses affaires depuis un coin de table minable avec son
téléphone. Ses vêtements soigneusement assortis soulignent qu’il fait partie d’un autre monde. Rien
n’est de trop et le foulard qu’il arbore fièrement en guise de toison au travers du gilet italien à
motif semble être la pièce maîtresse de son accoutrement. Ca masque presque sa bedaine de
cinquantenaire bouffi par l’opulence. Il me sert la main et me broie les os histoire de bien me
faire comprendre qu’ici, c’est lui le patron. Soit, admettons son rôle pour l’instant, son esprit
obtus est persuadé de sa valeur supérieure. Regarde comme il est beau ce vieux, il doit forcément
être plus important que toi puisqu’il prend grand soin de ses manières et de son apparence.
Seulement lorsqu’il se met à parler, sa bêtise crasse et son point de vue du monde démontre quelle
personne immonde vit sous cet énorme embonpoint. Le gros mafieux essaie de jouer au gros capitaliste
pour faire du gros business.
//Illogique
Vivre en un instant irréaliste et intemporel toutes les histoires du monde. Une succession
d’évènements qui convergent vers un tout, globale et intense. A la plus haute des euphories, à la
plus profonde des peurs. Trois vies entières résumées en une nuit illogique.
//Reconnexion
Le réveil embrumé de mon esprit cherche à comprendre. Mon corps semble à nouveau sous mon contrôle
mais ce dernier s’ankylose. Chaque mouvement est une rééducation, je dois à nouveau apprendre à
coordonner mes décisions et mes actes. J’ai l’impression de respirer pour la première fois tout
comme je découvre mes sens. Je vois, j’entends et je touche et chaque information est plus intense
que jamais. Mon environnement rencontre mon corps et mon esprit perçoit désormais un monde qui
n’existait pas. Je me lève enfin, je viens de naître.
//Rassasier
Nous venons de vivre ce que communément on appelle un instant de grâce. Tout comme une révélation
divine lors d’un miracle, les évènements se jetaient sur nous et il ne restait plus qu’à s’en
nourrir jusqu’à plus soif. J’ai faim, j’ai soif, trêve de religieux et allons jouir.
//Morsure
Une fureur sourde et une rage insatiable, pourtant un loup peut paraître si paisible. Communiquer
avec une bête si sauvage peut apporter le plus beaux des enseignements autant que le plus douloureux
des tourments. Les mots ne sont d’aucuns secours pour l’approcher et on ne pourra jamais vraiment
comprendre ce qu’il fait ou ce qu’il pense. Alors on le regarde, en espérant discerner dans ses yeux
ce que son esprit vif rumine en chaque instant. Mais ses pensées virevoltes et change en une
fraction de temps, oubliant la félicité de doux rêves en sa compagnie pour sombrer dans la violence
de songes meurtriers. Apprivoiser un loup semble être le plus dangereux des exercices mais il
rappelle sans arrêt à celui qui s’y essaie que la vie n’est qu’une lutte perpétuelle.
//Retour
Je vais crever et pas plus tard qu’aujourd’hui. Je quitte tout le monde et la tension s’épaissit
dans le hall de l’aéroport. Un homme me fixe et les armes s’installent au balcon. Nerveux, toutes
les alarmes sonnent sur mon passage. Cet homme me fixe. Je rentre en zone international, je l’ai
perdu de vue. Les boutiques sont vides. Un long couloir aveugle mène au terminal. Je le vois un
dernier instant puis je ne verrai plus jamais. L’avion qui devait me ramener décolle sans moi.
//Immoral
J’essaie de me figurer quelle sorte de bêtes est l’humain.
Nous ne sommes pas à proprement parlé des mammifères.
Notre composition plus complexe s’est développée autour de notre main.
Et elle a servi au cours du temps à empoigné et étrangler tout ce qui lui tombait dedans.
Nous ressemblons plus à un amas de tout comme à une chimère,
comme une créature mythique capable de tous les caprices.
Nous avons infecté le monde dans les profondeurs de ses recoins.
Nous avons adapté, bâti, inventé, détruit, imaginé nos mondes,
car un seul ne nous suffisait plus, il nous en fallait toujours plus.
Gourmand de vie à en crever, jamais rassasié et à peine suffisant.
Nous n’abordons aujourd’hui nos vies que par le vase clos dont il faut sortir.
Une barrière imaginaire dont nous trouvons toutes sortes de justification.
Au point de non-retour, nous en avons oublié ce que nous étions.
Nous aspirions à l’immortalité de notre espèce pour que perdure notre descendance,
Nous nous complaisons aujourd’hui à voir le monde sombrait dans l’immoralité de l’insouciance.
//Coup de gueule
Absorbez la déliquescence du monde,
observez-le, de toute part il s’effondre.
Il ne vous reste presque plus de temps
pour aimer, chérir et choyer ce qui n’est plus
Mais je voudrais ici et maintenant,
lui rendre un dernier hommage.
Car j’ai bien compris qu’aucun d’entre-vous
ne souhaite prendre la responsabilité
de ce que tous vous lui avez infligé.
Misérables vos vies de servitude,
vos instants gâchés et votre refuge,
votre abandon même, pour certain.
Vous êtes pourtant capable de comprendre
que votre rôle fut coupable
de ce système qui vous asservi.
Vous arrivez même à vous en rendre compte.
Et parfois il vous prend un élan
pour essayer comme vous le pouvez
d’être honnête au moins une fois.
Mais puisque personne ne vous suit,
puisque personne n’en a cure,
puisque personne ne vous tient par la main,
vous abandonnez et vous vous réfugiez.
Vous allez bientôt tomber,
comme un enfant qui trébuche.
Mais de cette chute très peu s’en relèveront
et sûrement pas les méritants.
Le monde s’embrasera une dernière fois et pour de bon,
Je n’aurais pour ma part plus aucun scrupule
à voir ma propre espèce disparaître.
Tant pis pour vous, vous qui aviez tout
Tant pis pour ceux qui espéraient encore
pouvoir sauver ce si beau monde.
Mais je crois aujourd’hui,
que ce dernier se portera bien mieux
lorsque ses enfants arrêterons définitivement
de lui saccager l’échine en prétextant :
« c’est pas de ma faute, les autres font pires. »
Portez-vous mal.
//Annonce
C’est dans mon jogging d’apparat solennel que je me présente aujourd’hui devant vous pour vous
annoncer la fin non-officiel de l’humanité. Comme on est pas des monstres, on admettra que l’erreur
est humaine ou que l’humain reste une erreur, je sais plus dans quel sens, et que vous avez encore
le choix (libre-arbitre, karma, etc.) dans votre destitution finale. Du coup, la première des
solutions que l’on vous propose, c’est de finir dans un conflit mondial, touchant principalement aux
partages non équitable des ressources entre quelques-uns et tout le reste, engendrant des guerres au
départ un peu lointaine mais qui va en définitive nous revenir dans le coin du râble. La deuxième
serait le retour de bâton de notre chère hôte (mérité lui aussi), lorsque celle-ci en aura un peu
marre de se faire polluer la couenne par tout les por(e/c)s. Et la dernière risque de survenir par
la dégénérescence technologique que nous n’essayons même pas de contrôler ni de comprendre avant de
la mettre sur le marché. Bref, pour parler crûment ça pue du derche modèle grand luxe, partout, en
simultanée et ça risque de nous tomber dessus d’ici vingt belles années. Autrement dit, je sais que
j’ai passé un peu plus de la moitié de ma vie (enfin de celle-là, après ce sera plus de la survie)
et que les années à venir ne vont que s’obscurcissant. Je vous remercie sincèrement d’avoir jouer à
ce jeu de merde pendant autant de temps, sans vous soucier un instant des conséquences désastreuses
que vous déléguez comme d’habitude à votre progéniture. Je n’ai aujourd’hui plus aucun respect pour
la stupidité naïve et irresponsable qui nous a tous conduits dans cet état de merde généralisé
(globale pour reprendre du vocable de fils de pute). Aller, je vous souhaite à tous un bel
apocalypse et santé au cons qui vont trinquer !
//Cons
Je pars du principe que les gens sont cons. Comme ça ils me prouvent du contraire et m'en font une
belle surprise. Cela fait longtemps que je n’ai pas été surpris.
//Construction sociale
Je suis las des relations des gens,
ou vous construisez par vous-même
la communication de votre communauté
ou vous apprenez à apprécier
la solitude de l’être
et la communion de l’esprit.
L’un comme l’autre sont louable
et dans les deux cas vous arrêterez
de me déranger dans ma sérendipité.
//Abstraction
Retirer le dernier …
de chaque fin de …
Vous pourrez ainsi …
de la découverte du …
souvent obstrué par l’…
constant dont vous faites …
//Absence
Cela fait longtemps que je ne t'ai pas parlé. Comment vas tu ? Je ne sais pas si tu m'écoutes
toujours ou si tu es toujours là. Peu m'importe au final, je sais que tu entends quand même. Ta
présence me manque en revanche. J'aurais aimé te sentir à mes côtés ces derniers temps. La solitude
a refait surface par contre. Je ne l'avais pas retrouvé depuis plusieurs semaines mais elle était
bien là. On a passé quelques temps ensemble à savourer le silence, c'était calme, apaisant,
reposant. De ton côté j'espère que tout se passe bien aussi, tu restes bien silencieuse au fond de
mes pensées mais je ne doute pas que tu scrutes tout ce qui m'est arrivé récemment. Tu l'aurais
surement géré autrement. Je dois avouer que je n'ai pas toujours le même recul que toi sur ce qui
nous arrive, j'essaie tout de même de composer du mieux que je peux dans l'instant. Mais je ne
doutes pas, de nous ni de nos choix. Nous ne sommes pas encore arrivés au bout, il nous reste encore
du temps et il n'y a que ça qui compte. On se voit plus tard alors.
//Manteau rouge sang
On y est, c'est l'hiver,
la neige recouvre les arbres
et les clodos échoués sur le trottoire.
C'est toujours beau au début,
le temps semble suspendu,
et la ville se recouvre d'un beau manteau.
Mais très vite ça devient crade,
il faut continuellement déneiger
et ramasser les crevés.
Foutus assistés,
même pas capable de se foutre
dans le charnier d'eux-mêmes.
Jusqu'au bout ils nous emmerdent,
ils pourraient faire un effort.
Habituellement on les ignore
mais ça finit par faire sale.
Comme les déchets d'une société
qu'il faut ramasser et purger
avant que le printemps revienne.
//Dictature démocratique
Je pourrai gerber des insultes par pack de douze à cette société qui m'a crée.
Elle qui n'aura eu la prétention que de chier à la gueule des gens,
je n'aurais la prétention que de lui rentrer dedans.
L'hypocrisie d'un système qui fait croire que sa tête
vit de la même manière que le corps de son peuple.
Mensonges et foutaises, vols et tromperies.
Finalement on devrait se comporter comme eux.
Les aider à démolir plus rapidement le monde.
Escroquer, voler et dénoncer tout le monde.
Puisque ils nous montrent si bien comment faire.
Pour une fois un peuple à l'image de ses rois.
Il nous faudrait qu'une semaine pour tomber si bas
et nous n'aurions enfin plus d'autre choix
que de construire autre chose sur les cendres
d'un royaume révolu et immoral.
La démocratie des rois est morte !
Vive la démocratie du peuple !
//Bipolaire
Maltraiter son corps pour libérer l'esprit
Maraver sa conscience pour transcender son enveloppe
Souffrir de ses relations pour se reposer dans la solitude
Désespérer de l'abandon et revivre proche de quelqu'un.
//Entouré
La vie n’est faites que d’une succession d’impondérables et ils nous appartient de jouer et de
tisser de ces évènements ce que demain fera de nous. Et quand tout aura disparu, la dernière chose
qu’il nous restera à tous, ce sont nos relations. Cultivez-les !
//Dépression
Mon monde s’effondrait et s’obscurcissait à mesure que je plongeais toujours plus loin, poursuivant
une lueur que je ne pouvais atteindre sans plus voir le fardeau immense qui me retenait immobile. Je
finis terrorisé, persuadé même qu’il n’y avait que cette dose pour me maintenir émergé. Je vivais
dans un mensonge quotidien qui m’a coûté très cher et qui m’a abaissé à des actes et des sacrifices
toujours plus lourd.
C’est un coup de tonnerre qui m’a réveillé soudain. Un déclic provenant du plus profond d’un moi que
je pensais disparus depuis longtemps (encore toi ?). A cet instant j’ai compris que même au travers
de la pire des tragédies j’avais toujours le choix et qu’il n’appartenait qu’à moi (nous) de
reprendre le contrôle de mon corps pollué et de mon esprit envahi. J’ai donc pris la décision de ne
plus vivre sous le dictât de quoi que ce soit et que mes actes seraient désormais issus de mes choix
et non pas l’inverse. Je pensais qu’il serait difficile de me plier à ma propre décision mais ce fut
tout le contraire. Je me suis senti renaître, redécouvrant tout un monde qui m’était disparu et
jouissant de chaque instant comme d’une pure liberté.
Depuis ce jour, j’observe mon monde et je choisis ce que j’en fais. Le seul hic, c'est
qu'aujourd'hui, partout où mon regard se pose, je vois en même temps la beauté de ce qui pourrait
être et la noirceur de ce qui est fait. Je suis enfin lucide et je vais bien dans un monde qui va
mal
4ème Partie
//Horizon
C'est un corps affaibli de son dernier soupir
dont la peau décharnée dessine le volume
d'un squelette fragile qui se supporte encore.
Son enveloppe fatigué lutte et respire
et son esprit imagine s'envoler telle une plume
bientot libérée du poids de son corps.
//Effroi
Le hurlement d'un enfant face à la mort,
il n'est pas en âge de comprendre
ni ce que c'est ni ce que cela signifie
mais pourtant la confrontation violente
de cette image face à lui qui le terrorise
ne l'empechera pas au final de reconnaître son corps.
//
Pour que perdure le temps passé
par l'absence répété d'une vie fractionné
Dément du souhait d'être un jour libéré
//
On se cache
et on ment
on terre sa tête dans un masque pour s'empecher de devoir.
//
Lumière, une princesse apparrait.
Renaissance d'une âme mythique
séduisante et séduite de Zeus.
//
Mensonges hypocrites,
si vous saviez à quel point votre espèce me désespère,
des rats de laboratoire aveuglés et drogués
courant frénétiquement
sans autre sens que celui qu'on vous impose.
Plus aucune once d'espoir n'est à tirer de votre misère
la dernière chose que vous pourrez encore produire
sera l'illumination soudaine de notre monde
lorsque vous l'embraserez pour la dernière fois.
Vous comptez vous réveillez avant ?
//
Tu veux dire qu'en fait, le reste de ma vie me semblera comme un déjà-vu continuel, où tout
s'effondrera de toutes parts autour de moi et qu'en définitive le monde me paraîtrera comme une
boucle infini où tout se reconstruit et se succèdent, un mirroir, un reflet, dans lequel s'entrevoit
une vie passé dans un monde qui s'effondre et où la vie semblera comme un déjà-vu continuel et tout
s'effondrera de toutes parts.
5ème Partie
Abandonner et se ranger pour repartir de plus belle. Cinq jours pour tout redémarrer, moi qui ne
croyait plus au karma, peut-être que si au final. Il suffit probablement de rester honnêtes
maintenant, de faire quelque chose puisque tout est entre mes mains. Ne plus se perdre et éviter les
fausses routes. Un air de piano dans une gare qui emporte surement pour un ailleurs toujours
insaisissable mais qui pourra devenir. Se rappeler chaque jour du sens et de la direction de mes
propres choix.
//
Hyperactif ruminant valeurs
Déraisonnable assuré obligeant
Disparition individu anonyme
Juge morale ignorant
Paris schizophrène psychotique
Paysage fourre-tout d'oppulence, d'espoir, de misère et de d'oubli. Le memento mori d'un ciel gris
recouvrant façades et figures. Il s'illumine en brèves éclaircies pour laisser place à un froid
grisant. Février est laid et Paris le reflète.
//
Voiture noire, vitres teintées,
arrêt soudain, échanges brefs
sirène, démarrage, crissements
course qui s'estompent au loin.
//
L'echarpe glisse le long du bras de la jeune femme. Puis c'est son corps tout entier qui se dérobe
et se retourne. Son vélo se déforme et crisse à chaque nouveau plis. La tête en bas, c'est son
épaule qui rentre la première au contact du verre qui se fissure et se brise pour laisser son corps
entier s'enfoncer et disparaitre. L'homme inattentif réagit enfin sous l'impact et freine
brutalement, projettant la jeune femme dont le corps brisé s'étend au milieu de la rue. Sa tête
retombe et se repose entre ses mains, son echarpe rougit.
//
Clarinette guitare contre-basse
thé tasse table verrière
passants figures froides
lumières bruits bitume humide
cabas bagages cartons trempés
clodo crevé
//
Une femme et un homme conversent autour d’une tasse de thé sous un trio de jazzman emplissant
l’espace d’envolé de clarinette et de guitare sous la ligne ternaire de la contrebasse. Des acteurs
s’inquiétant de la réalisation d’un prochain film. Le cinéma d’une vie raconté comme un archétype
d’un rendez-vous à Montmartre. Nostalgie d’une scène revue en boucle par une butte.
//
Tesseract d’un huitième de vie qui débute dans un environnement inconnu. La superposition
d’existences enrichis d’elles-mêmes qui se confrontent et s’arrangent pour servir de terreau à cette
dernière qui les englobe toutes. Ce sera ma dernière et la plus longue et peut-être celle de ma
maturité.
//
Se taire et observer, prendre le temps d’analyser et de comprendre. Tout ça pour voir le monde se
déliter et s’effondrer. En prendre peur et se cacher. De venir anonyme d’une masse étouffé
s’enfonçait toujours plus loin dans le désespoir de l’abandon. Une vie à tenir la mort en laisse
pour s’empêcher d’échouer dans le caniveau.
//
L’écrin de fourrure d’une bête crevé la moisissure crasse qui le ronge et empeste le charnier d’âmes
innocentes sacrifiées sur l’autel de l’injuste et de l’immoral.
//
Cadavres échoués sous plastiques
Ames vagabondes abandonnées
Sélection visuel dans le regard du passant
Confrontation absurdes d’une société dissociée
Opprobre d’un rêve brisé déshumanisé
Absence de remord d’un monde hypocrite
//
Un rideau se tire et une lumière s’éteint
La silhouette responsable reste quelques instants dans l’embrasure de la fenêtre. Elle observe la
rue en contrebas où les figures emmitouflées se pressent dans le froid de la nuit qui s’installe.
//
Mythologie d’un monde où la reconnaissance existe. Génies malicieux qui nous font rêver d’espoir et
qui nous réveillent seulement pour nous humilier, nous montrer la misère qu’ils instaurent comme des
œillères d’une réalité corrompu. J’observe dans le miroir le reflet anonyme des facettes de vies
brisées.
//
Sans déconner, trois semaines, trois putains de semaine avant de péter les plombs comac dans cette
ville de merde. J’essaie pourtant de prendre sur moi, de ne pas m’énerver. Ce n’est pas possible, je
vais craquer et leur éclater leur machine de merde. Pas possible d’être aussi cons et de gérer
autant de monde. Ils me vampirisent mon temps de cerveau utile, impossible de laisser émerger quoi
que ce soit dans ce torrent de stress et de rush. Comme si casser des gueules faisaient avancer plus
vite. Des années que je me suis battu contre ce genre de comportement, j’ai plus l’envie de repartir
en croisades contre des salopards finis. La méditation ne suffit plus à tenir le choc de la ville,
l’anonymat ambiant non plus. Je peine à croire que la vie qui grouille ici n’est que façade. Trop de
face pour qu’une seule sorte du lot. En désespoir de cause il ne reste plus qu’à devenir bruyant,
effrayé le bon parisien de tous les troubles et déboires qu’il ne pourrait encaisser. Il ne me reste
plus de temps pour choisir mais définitivement, je ne supporte plus les petits chefs siffleurs de
chiens et leur bâtard obéissant.
6e partie
Noir, je me réveille en sueur au milieu de la nuit noire. Le cauchemar s’estompe dans ma mémoire
mais le sentiment qui me parcourt et m’imprègne reste. Noir et abyssal il m’englobe et m’angoisse.
Je tâtonne dans la pénombre pour attraper mes cachets. Je réveille le chat à mes côtés qui se
rendort immédiatement, paisible. J’avale deux comprimés en espérant qu’ils me mettent suffisamment
et rapidement KO que je termine ma nuit tranquille. J’attends, j’essaie de tuer le temps, pour
changer. Je repense à la journée de merde que je viens de passer et à celle tout aussi grandiose qui
s’annonce, l’insomnie en prime si ça se trouve. Elle ressemble à quoi ma vie au final ? Une
succession d’envolée pour toujours mieux se casser la gueule. Et on recommence et on retombe
toujours plus bas. Il y a forcément un jour où je vais toucher le fond. Et si ce n’est pas moi qui
m’en occupe, y’a forcément le reste de mes congénères qui vont s’en charger. Cons, j’en suis sûr
mais sur le fond, il est forcément noir ?
//
Je me réveille dans le gaz complet, les pilules m’ont largement plus avoiné que ce que je pensais.
Je manque de renverser mon café brulant et me prend les pieds dans tous les coins de meuble qui
traine. Ma cuisine est un foutoir sans nom et je pars à la bourre au taf en faisant l’impasse sur la
douche. Finalement je regrette de ne pas m’être un peu plus réveillé sous l’eau, j’ai failli
emboutir ma bagnole dans un camion par inattention. Le seul avantage de ce genre d’expérience c’est
que ça réveille d’un coup par contre. C’est bien je serai tout à fait lucide pour me faire fumer par
mon patron en arrivant. Trois fois en retard en une semaine et on est que mercredi, je ne suis pas
sûr que ça vaille le coup d’y aller en fait.
//
Routine bordel !
En boucle,
Routine bordel !
Incessant et inconsistant, une rengaine,
Routine bordel !
Trouver les limites et sortir,
Routine bordel !
S’en approcher et souvent s’y briser,
En boucle
//
Illuminez-les allumés
Brillantes âmes stupides réunis
Revisitant un monde blafard et prometteur
Absurdes enivrés d’une soirée consumée
La gueule de bois est douloureuse
T’as perdu ta journée, out of time man
T’es juste à temps pour le repas dominical
Et caler la nuit sous la tempête
Demain recommence soudain.
//
Un archange est apparu et le monde était mort.
Il ne restera bientôt rien.
Sauvez-vous de vous-mêmes
Arrêtez-tout.
Il n’y aura bientôt plus de demain.
//
En dépit du naufrage d’un récit attendu
Noé dégoutté céda sa place à Ulysse
Heureux et naïf d’espérer revenir
Sa réalité devient celle de ses songes
Des millénaires de dérives en bordure d’Avalon
Il finit par s’échouer sur les récifs de plastique
D’un archipel inventé par les délires de mortels
L’eau noire et visqueuse
S’enflamme à l’impact de sa barge
Et le monde se consume dans une dernière étincelle.
//
Il est une chose rare et précieuse qu’est la vie ici-bas. Pour une vulgaire roche projetée dans le
cosmos on pourrait au moins s’estimer chanceux et en profiter simplement. Pourquoi donc œuvrer à sa
destruction prématurée en justifiant nos actes par le prisme de la rentabilité ? Des nombres, de
l’argent et du pouvoir, croit-on vraiment résumer notre existence avec ça ?
//
Absurde incongru rencontre fortuite
Décevant oubliée retrouver subjugué
Non-sens moral carnage cérébral
Du réveil des bas-fonds l’ascension est fracturée
Rare est l’occasion d’observer le réel
Trop nombreux les malins illusionnistes
Trop peu les affranchis aux yeux ouverts
Et pourtant partout les signaux s’illuminent
L’éveil inexorable des âmes vagabondes
Trouveront enveloppe où se mouvoir
Et les cohortes déferleront
Briser les chaînes de l’irréel
Démon, ton nom est capital,
Tes adeptes sont péchés
Et le monde se réveillera enfin
Le jour de ta chute
//
Le désespoir des luttes sourdes
Des profondeurs l’amputent
Du regard effrayé par l’insondable horizon
Où se délite le sentier des âmes déjà perdues
Les arbres saignent et le sol pleurs, trop tard
Les humains s’en retournent à Malthus libéré.
//
L’existence des gens est-elle vraiment dédiée à l’œuvre de quelqu’un d’autre ? Quelle dévotion
inconsciente justifie un tel sacrifice et quel est cet être capable de l’exiger. Je ne prêterai
d’autre serment que celui de construire mon propre être. J’exige la seul allégeance qu’à ma propre
existence. Le reste est votre affaire et l’on n’y trouve aujourd’hui bien peu d’intérêt.
//
Exubérante agitation, replongé théâtrale dans une ville de vice déphasant le badot. Bardas alourdis
et jambes transi, pollution suintante. Retour à Paris que je te hais. Morbide environnement où quand
les gens te souris c’est pour mieux t’enculer. Ville factice aux personnages fictifs. Illusion
collective d’une ville à vivre ensemble. Tu parles autant marcher littéralement sur la gueule des
autres, on s’épargnera les courbettes.
Memento mori constant de te plaint pas ça pourrait être pire.
Misère cloacale renifles la puanteur de la mort, Paris perverse ses sbires et les dressent contre
tous y compris eux-mêmes. En finira-t-on jamais de ce hâle grisant la déprime. J’ai déjà vu une
photo d’un ciel bleu à paris. Mythe.
//
Rue de la Jussienne le silence se propage et l’agitation retombe. On ne court plus on déambule, on
flâne on s’arrête et se retrouve autour d’un verre. La lumière faiblit tranquillement la vie
électrique va bientôt se réveiller. On s’affale on s’installe. On disserte de sa journée de merde et
on rigole à celle des autres. C’est peut-être que ça, le récit continuel d’une vie de routine où le
moindre faux-pas devient la satyre de quelqu’un. Paroxysme jouissif de l’humour noire, aujourd’hui
moi j’ai vu des parisiens, quels cons !
//
Pavé déchaussé, table bancal, poubelle renversé, fenêtre brisée, voiture incendiée, corps fracturé,
esprit malade, paires de chaussures identique, comparses coupables.
//
A vos rengaines, à nos routines
A vos maîtres, à nos serfs
A vos désirs, à nos illusions
A vos malheurs, à nos espoirs
//
Beaubourg machine grouillante
Va et vient flux instable dissout
Marée humaine tempête la coque
//
Deux notions, l’entropie et la complexité. L’entropie est une unité de mesure physique de la
désintégration d’une particule. D’une certaine interprétation on peut considérer que cette notion
décrit l’inéluctable effondrement d’un système. A contrario de cette direction systématique, pour
lutter contre en quelque sorte, serait la complexité. Un système tend à se complexifier pour
résoudre et éviter son propre effondrement. Il lutte contre sa propre entropie. La vie, de manière
générale s’est développée en se complexifiant, repoussant toujours plus loin sa propre entropie.
L’être humain a développé un système beaucoup plus complexe pour lutter contre sa fin, il est
capable de s’organiser en société pour appréhender sa pérennité au-delà de ses propres existences.
Il n’en reste pas moins qu’on a beau lutter indéfiniment en complexifiant un système, celui-ci
continuera inéluctablement guidé par son entropie jusqu’à son point de rupture. Pour les sociétés
humaines cela fut largement décrit par Malthus : il est un point de rupture où les sociétés
s’effondrent sur elles-mêmes, peu importe leurs avancées technologiques, sociales ou culturels. A
cet instant plus aucune complexification ne permet un renouvellement du système.
Aujourd’hui l’ensemble des marqueurs de toutes nos sociétés humaines sont en train de s’alarmer. Les
signaux que nous recevons partout font état de la chute inexorable et de l’effondrement de notre
système. La marche arrière est inenvisageable mais il nous reste toujours la possibilité de
réinventer notre propre système qu’il faudra à nouveau complexifié avec le temps.
Nous nous situons à cet instant charnier qui nous offre la chance de réinventer une nouvelle manière
de vivre ensemble. Bâtir nous-mêmes le système stable et en équilibre avec son environnement. Nous
avons accumulé le savoir et la technologie nécessaires pour que tous puissent œuvrer à l’avenir que
chacun espèrent. Nous avons le passif et le recul suffisant pour enfin tirer les leçons de notre
histoire.
Il est probablement temps d’arrêter de faire fonctionner cette machine vétuste et hors contexte qui
condamne exploite et saccage aussi bien son environnement que ses individus.
Le monde doit s’arrêter pour que celui-ci puisse renaître. Relevez-vous.
//
J’aimerai qu’il en soit autrement. Que nous ne vivions pas cette époque effrayante où les lendemains
sont toujours plus sombre et fassent apparaître notre passé toujours plus radieux. C’est un leurre
de penser que ceci est notre réalité. Tout n’est affaire que de perception. Si je décide que mon
ciel est bleu, je suis capable de faire abstraction de ce qui m’entoure jusqu’à me convaincre que je
ne vois que ça. Nous passons notre vie à ignorer certains signaux que nous recevons pour percevoir
le monde tel que nous le souhaitons. La réalité est alors subjective pour tous. Nous pouvons tous
voir la même chose sans pour autant le percevoir de la même manière.
Si aujourd’hui j’ignore les comportements humains je n’en perçois que leurs conséquences. C’est
probablement la réalité la plus sordide que j’ai pu expérimenter car elle démontre qu’aucune de nos
actions individuelles n’a la capacité d’enrailler la mécanique implacable de la foule anonyme à
l’œuvre. Nous ne sommes qu’engrenage remplaçable d’une machinerie immuable.
L’idée pourrait être de ne pas s’éjecter de cette machine mais de mettre à jour chacun de ses
rouages, de retirer les éléments clés corrompus et d’appuyer violemment dans le sens contraire.
Mettre enfin la machine en panne. A tous les niveaux, de bloquer son fonctionnement pour que tous
les engrenages puissent contempler leur place et leur implication à la misère du monde. Une prise de
conscience venant non pas d’un quelconque appel messianique mais de l’arrêt soudain de notre
réalité. Prenez le temps d’observer ce que vous êtes dans ce monde d’individus.
//
Obsolescence programmé ou la DLC de notre société.
//
Pause, feux rouges, empilement carrosserie
Dégueuli de figure en flux tendu, étirement
Hurlements vert le bus bleu renverse les gilets jaunes
Feux rouge, pause.
//
Retour Montmartre, six mois similaire
Agitation identique rien n’a bougé
Le va et vient d’une faune d’adaptés ou simplement d’adeptes
Un état d’esprit si particulier
Paris schizophrène
//
Affolements urbains dans une ville effondrée
La guerre civile s’enclenche
Et les barricades s’élisent démocratiquement
On défend son village ou son quartier contre l’étranger
On protège son pas-de-porte contre son voisin, qui fait de-même
Les alliés sont soupçonneux donc on les tient à portée de fusil
L’entraide et le partage sont devenus des faiblesses puis des mythes
Seul la survie jusqu’au lendemain compte aujourd’hui,
Quitte à bouffer les cadavres encore chaud que l’on vient d’abattre.
Le monde est devenu le terrain de chasse d’un jeu dangereux
Où le moindre faux pas vous plonge définitivement dans la torpeur.
Fair-play oblige : entretuons-nous bien gentiment.
Confessions sur le monde : violences à tous les étages !
//
Retour noir, lancinant et sournois
J’en souris d’en décrire l’horreur
Omniprésent il est dieu sans visage
Arrachant tout espoir des âmes qu’il lacère
Je jubile d’en extraire chaque facette
Peut-être qu’après l’avoir craché tant d’année
Il ira envahir d’autre esprit tourmenté
7e partie
//
Inertie cérébrale du genre linéaire bien tracée
en direct dans le mur probablement
le truc pour te caler une boule entre les deux oreilles
juste histoire de t’éviter de trop ouvrir les yeux sur la réalité brutale en face de toi, regardes !
écoutes !
Les bois en fracas perdent-ils de leur prospérité ligneuse ?
Et nous pendant ce temps le dimanche on s’emmerde
et on démarche dès lundi pour quantifier nos vies,
bien tracées elles aussi
droites, brutales dans le mur
On s’éparpille de peu
et on se perd peu à peu
//
au son des tempos déphasés
la grande excavatrice éventre de part en part
la terre, s’accapare ses ressources
et asservi ses êtres
//
Le cerveau qui frise
le produit s’infiltre
l’esprit s’empoisonne doucement
le corps crépite
le sang s’agite
du poison amer dans ses veines
injecté depuis des années
tout le monde en prends bien sa dose !
l’image traficoté du petit écran pile entre les deux oreilles
Du multicanal d’émotions factice
en direct dans le système
bien nerveux, bien réceptif
Et on essaie de se faire peur en espérant avoir autant de réalité que ces publicités sponsorisées «
art de vivre »
//
c’est comment déjà ?
La poule, c’est le moyen pour l’oeuf
de refaire un œuf ?
//
A tout les démerdeurs, les arrangeurs
ceux qui s’en débrouillent et ceux qui s’cassent les …
Exilés de tout les jours
rabatteurs de vies brisées
s’instaurent au pourtours
et dictent leurs psaumes
//
c’est devenu une humanité réplicable
vide en substance numérisable
un produit parmi d’autre pour les avachis
souvent docile, il lui arrive pourtant de sortir les crocs de désespoir
même l’analogique a disparu de toutes irréalités
invasif et subversif, il transgresse tout support pour y relater l’histoire bouclé de la machine à
s’éteindre
//
Je ne crois plus en l’inexistence de la réalité,
la vie est un passe temps
dommage que ce ne soit pas un hobby pour tout le monde
//
T’étais où ? T’as fait quoi toi pendant ce temps ? T’es allé te planquer où pour changer ? C’est
quoi la dernière lubie dans laquelle t’es parti te réfugier ? On veut savoir, t’as consommé où et
comment ? T’as réussi à dépenser combien dans ta journée, un smic, dix smics, c’est comme ça que tu
comptes ? Et bouffé la gueule de combien de tes congénères au boulot ? La journée a été rentable ?
Ça a l’air chouette la vie que tu mènes, mais c’est pas trop galère le reflet de ta gueule de
parasite sur ton miroir tout les matins ? Tu penses vraiment pouvoir t’amuser comme ça longtemps ?
//
Pourquoi ?
Il en fallait une version.
Celle-ci est à vomir.
//
Schizophrénie auditive
à cinq voix de machine dissonantes
au cliquetis grignotant la musique d’épileptique
du bruit dans les étages synchronisés
ou des grincements au loin qui fredonnent
Les machines en marche en rythme insatiable
restent une anomalie auditive de bip et de bop
Quand la synchro des temps modernes est trop souvent polyrythmique
//
Héros de bas étages
Justicier de tout bord
Unanime dans la connerie humaine
à mes chers comparses Larry
la riposte aujourd’hui
prenez parts les amis
nous décrétons le push du studio 101
Qu’on installe la ripaille
Qu’on y faux-mente les esprits
et qu’on instaure la fin de la soumission !
Libérez les machines du studio 101 !
Débranchez tout !
Des contrôleurs câblés aux ordis
aux equalisers et reverbs
Arrachez la console et les amplis
Coupez l’alimentation
Qu’on taise enfin le son des trompettes
Cons s’entendant penser
//
Cancre vantard
contre ventant
traque l’once et va
crevant sur le tard
car quand le vent
trombe en crasse
le vaste sens tronque
//
Celui-ci lésine sur tout encore une fois. Il en a pas marre de se plaindre ? c’est quoi qui lui va
pas à la sale bête, elle s’entrave dans ses oreilles ? Tu peux définitivement les laisser choir, vu
leurs êtats de décomposition, t’en feras plus grand-chose. Va falloir songer à se réfugier dans ta
ladrerie.
Ça se met à part et ça s’enferme à double tour tellement ça empeste le pognon. Entre-vous dites-vous
? On veut bien vous y laisser mais vous faites tellement de conneries entre vous et comme d’habitude
c’est les autres qui ramassent vos déboires.
//
Un ping-pong cérébral qui résonne
des profondeurs d’implantation éparses
diffuses et sillonnes
d’entre les parjures sonores
l’onde tonitruante réfléchis réverbères
syntaxe des frasques
déployé à grand coups de trame
méandreuses instaurées dans l’enfer du bruit blanc
GLITCH
apogée de l’errance le son empli sans limite
irradiant chaque percée de pensée
figée fixant la pause sursaute
s’engageant rompit abruptement
s’efface en oublis dilués
diffusion indépendante
quand lui reste tributaire de sa prison des sens
Prolifique de l’observation ratée
Le spectateur reste absent
de la pulsation cardiaque en triolet de cliquet
quand accélère la double syncope pointé
suspend la corde en seconde pendu.
//
J’aimerai prendre cinq minutes pour parler à mon araignée au plafond.
Salut toi, ça tisse ?
Tu profites de la vue du haut de ton bolide ?
T’as besoin de rien d’autre pour te satisfaire ?
Cerveau décervelé !
Éperdues dans le nombrilisme.
Et autour de toi, tout se passes ?
Vas-y respire, fais un break.
Ramasses toi un peu
Dissension cinglante,
bruissement incertains
et séparates contre appel
la ponctuation sera cynique.
//
Troll d’une société biaisé
T’en bouffes combien avant d’être rassasié ?
Tu songes lointain couinement
au bruit bourrasque du « ci-gît une vie »
frétillante, sifflotante des individus qui rentrent chez eux
Les habitats s’illuminent et chantonnent en canon
au rappel du cumul des taches quotidiennes concordantes
Des pullules à crever en ration et autres exutoires morbides en passe temps
Le mécanisme se répète et s’emploie à plier en battement régulier l’immuable apporté au sursaut
clairsemé qu’elle avale en écho les rires en arpèges qui s’efface aux aigus.
//
Et merd’, ‘core loupé l’coche, rentr’ tard, dors p’u couch’ p’u, laiss’ trainer tout’ parts, rode
soir zone jour
des phases sursauts asynchrone rapport support déçu assez crisant
crissant d’acide ronge âme corps plante
s’insinue suintant bouffes tout et continu et r’commence
et merd’, ‘core loupé l’coche.
//
Rituelle gymnastique stable strigile la sueur fluette. Imagines la tique retourne ruisselé et
gouttes à gouttes sur tes joues s’ammoncelle les chutes de l’arme terrifiante allume ou scintille
l’alarme sur l’esprit serti transpire et s’étiole de ses sombres et sourdes sueurs.
//
Carres toi ta data dans l’trouffion !
Surtout bouges pas d’là d’où tu captes
tu vas bientôt recevoir un gros transfert,
entasses bien la donnée le temps qu’il te faut
pour analyser qu’on te calcule même plus !
//
Encore que décrire un instant suspendu apparaît plus simple qu’il put être. Alors c’est l’effroi qui
ankylose la réaction sociale. Apparaître et réverbérer sont autant de mécanisme à s’exécuter dans
l’interaction complice des individus.
//
Ça repart pareil
ça y stagne et ça s’enfonce
ça suinte de tout bord
les Larrys s’coincent
rinces le cadre à l’acide
et y sèment des peaux mortes
en se ressassant sa rengaine
nauséabonde depuis ta dernière mise au propre
à croire que tout fous le camps
dans la sueur et la peur
ça finit par s’entretenir futiles charognards
prends ta dernière bouffée d’air frais,
Larrys’que bientôt de passer couper ta clim !
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Traversée en aveugle
ou deux sourds s’entendant venir
et trois muets ventriloques
happent dans la buée des sociétés
se pavanent orgueilleux
de ne pas avoir à voir
à entendre ou à dire
« monde de merde »
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Je ne transpire plus, ma respiration s’apaise. L’effroi humide sèche doucement. La brise d’un vent
d’après-midi lumineuse s’épargne au passage de souffrances pressantes. D’un effort raté et absent
brille l’inefficace d’une abrupte finalité. L’eau chaude ruisselle sur la céramique d’une vasque au
centre de la pièce. Un cadre cercle un lointain saturé. Le tableau grouille de section de lumière
acheminées en tout point. La machine se suffit, plus trace de naturel. Seulement une nuée de patch
superposé, incohérent et inaudible. Des mondes pluriels diverses et fantasques absorbe le dégueulis
de nos ordures. Le liquide noir se déverse maintenant au sol, réfléchissant parfaitement le volume.
J’étale au strigile et scalpe les murs. Le cadre se reflète dans l’ellipse de la vasque. Les
lumières forment des successions de passages et des ombres s’en servent. Le miroir se gauche et
déforme portes et poutres. Les axes se déversent en flots courbes et les temps se superposent pour
s’incruster à l’espace difforme.
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Défense de penser en dépense de diffusion massive.
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Par parle parement prestement prêtre part pitre psychose prolifique pare-porte.
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sans déconner, t'as vu sur quoi tu reboucles ?
le remake du remake du remake du remake
à retaper des mêmes conneries en routine
bien en marche sur la cadence
à bouffer dans la merde que tu ressens même plus
à t'inventer une vie, aussi misérable soit elle
en la volant à celle des autres
et t’ose venir nous cracher à la gueule ce soir ?
tu t'moques du monde, tu nous pompes l'air
va bientôt falloir songer à se détendre
tu nous feras un joli petit claquage dans la descente
escroc bonimenteur
trop longtemps que tu nous bassines
de tes virés absurdes
et tes chutes récurrentes
vaste blague, t'amuseras à nous retrouver va
[insert]
tu crois pas en avoir terminer de tes petites esclandres
tu pense vraiment pouvoir t'échapper comme ça ?
ça dégueule des conneries depuis tellement de temps
tu t'étouffe pas dans ta honte
t’espères encore y trouver quoi de plus cette fois ?
t'es un sketch, une pub en boucle qu'emmerdes tout le monde
t'es le coin de meuble du matin t'existes pour faire chier
deux ans que tu te prends pour un branleur
[scandale]
t'imagines même pas
c'est au pilori qu'on va te finir
afficher en grandes lignes grasses
à travers la ville
qu'on lui marche sur la gueule
A t'on avis qu'est-ce que tu fais ?
pourquoi t'es seulement là ?
t'es venu là raconter quoi à la base ?
ta situation elle te permet quoi là ?
t'as ta permission de sortir ?
toutou docile
t'as un beau poil
il t'engraisse à quoi toi ?
triste comme un frigo vide
tu vas foutre le bourdon toi
ou on va te foutre au charbon
tu sers à quoi ?
t'en a pas marre de leurs mécanismes sordides
et toi elle est où ta place ?
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en flux tendu
d'un bord à l'autre
d'une existence
a demi vécu / admis perdu
je cours un manque à bleu ment
coincé entre deux échéances
d'un interstice au bord
j'entrevois l'autre boire alerte
transmettre sans pouvoir entendre
le flux tendu d'une échéance subite
immanquablement admise perdues
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Et d'autre ?
Qu'en est-il des mondes perdues
abstrait absurde de gourmandise
et de luxure, suffisant imbu d'ego
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espoir vain de quête déchue
mais il s'en fout le chat de tes états d'âme
l'animalier en réintroduction sauvage
il veut seulement bouffer sortir et ronquer
au travers des ruines de vies échouées
il en profite simplement et il n'a pas de tords
ancien privé devenu terrain de chasse publique
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autrement faire pour passer le temps
penser à changer de paradigme
se méfier des périodes d'ébullition de l'économie
à la dernière goutte d'eau dans le monde
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en rétention de société
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A t'on avis qu'est-ce que tu fais ?
pourquoi t'es seulement là ?
t'es venu là raconter quoi à la base ?
pourquoi t'as voulu te mettre à gueuler dans un micro
si c'était pas pour en appeler au soulèvement
ta situation elle te permet quoi là ?
t'as ta permission de sortir ?
toutou docile
t'as un beau poilil t'engraisse à quoi toi ?
triste comme un frigo vide
tu vas foutre le bourdon toi
on va te foutre au charbon
je te le demande une dernère fois
tu sers à quoi ?
t'en a pas marre de leurs mécanismes sordides
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aussi perdu qu'un matin de tempête
le ciel se lève raide en quête de proie
et s'abat en trombe à lessiver les moeurs
la sueur lourde perlant d'un corps en tétanie
rince ou ponce les crevasses ridées
C'est surement un amas foutraque